Las Néous, les Oulettes de Gaube, le Petit Vignemale, Ossoue, Gabiétous et Taillon : six glaciers pyrénéens sont situés en zone cœur du Parc national.
Un glacier est un amas de glace résultant du tassement de couches de neige successives. Mais, à la différence du névé qui apparait et disparait à un rythme annuel ou pluriannuel en fonction des conditions météorologiques saisonnières, le glacier a une durée de vie beaucoup plus grande.
C’est une masse pérenne qui, au cours de sa longue existence, ne font jamais entièrement. Un seul critère permet donc de définir un glacier et de le distinguer du névé, celui de la durée. Les considérations de taille, de morphologie et de dynamique sont secondaires.
La vie d’un glacier dépend de l’alternance annuelle entre la période d’accumulation neigeuse hivernale où il grossit, et l’époque d’ablation estivale, où il maigrit.
Les caractéristiques de ce stock d’eau solide qui se distingue par son extraordinaire longévité :
Le glacier n’est pas une masse immobile : il bouge, il glisse le long de sa pente, on dit qu’il « s’écoule ». C’est pourquoi on préfèrera, à l’expression de « recul des glaciers », le mot « retrait » : ils diminuent, rétrécissent peut-être mais avancent toujours. Les crevasses, les séracs et les cavités sous-glaciaires sont les marques de cet écoulement.
Caractéristiques d'un glacier
L’écoulement d’un glacier est dû aux propriétés visqueuses de la glace. Sous l’effet du frottement contre le lit rocheux, la glace subit des contraintes de déformation. Quand on étire de la pâte à modeler tout doucement, elle s’allonge sans se casser ; si on l’étire brusquement, elle se fend. Il en va de même pour la glace. Quand la contrainte est faible, elle se déforme ; lorsque la déformation est trop grande, elle se déchire et des crevasses apparaissent. Leur ampleur est proportionnelle à la vivacité du glacier.
Si le crevassement est intense, des morceaux s’en détachent : les séracs. Crevasses et séracs sont les manifestations en surface de l’écoulement. Mais la base du glacier est aussi modifiée. Sa viscosité (ie. sa résistance à l’écoulement), contraint le glacier, quand le substrat est irrégulier, à se décoller du socle pour laisser des espaces vides : des cavités sous-glaciaires.
Voilà les particularités qui procèdent de la dynamique interne du glacier.
D’autres spécificités relèvent, elles, d’un facteur externe : l’ablation estivale. Durant cette période (mai à septembre) la glace fond et donne naissance à des filets d’eau qui se rejoignent ensuite pour prendre l’allure de petits torrents : les bédières. La glace étant imperméable, ils s’écoulent donc à la surface.
Lorsque les bédières rencontrent une crevasse sur leur passage, même millimétrique, les eaux s’infiltrent dans les entrailles et façonnent des gouffres appelés moulins glaciaires. L’eau finit par se frayer un chemin jusqu’au lit rocheux. Elle va ainsi circuler dans l’interface entre la glace et la roche, jusqu’au moment où elle franchira l’extrémité inférieure du glacier : le front. Là parfois, un porche y a été sculpté par le torrent.
Sous l’action directe du soleil, lorsque la surface est parsemée de débris de roche, une fonte différentielle se produit. Deux cas peuvent se présenter. Si la pierre est de taille décimétrique à métrique, elle est suffisamment épaisse pour protéger la glace qu’elle recouvre contre la fonte. Au bout de quelques semaines, le rocher se retrouve juché sur un pied de glace pour former une table glaciaire car le glacier s’est abaissé tout autour. Mais le phénomène inverse existe également : si le caillou n’est que de dimension centimétrique alors, ayant accumulé suffisamment de chaleur, il s’enfonce et creuse un puit miniature.
Caractérisation d’un glacier tiré du livre de Pierre RENE, unique glaciologue des Pyrénées françaises, « Glaciers des Pyrénées, le réchauffement climatique en images » aux éditions Cairn