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Récemment élevé au rang d’espèce, le Lézard de Bonnal attise le besoin de connaissance de la communauté scientifique. Sa répartition spatiale et les spécificités de son habitat en font une espèce indicatrice du changement climatique. Pour suivre son évolution, il fallait créer un protocole adapté à l’échelle du territoire et aux enjeux. Pour ce suivi ambitieux, le Parc national a mobilisé un réseau de partenaires : aujourd’hui les premiers résultats sont connus. Le début d’un suivi sur le temps long.
Lézard de Bonnal
© L. REIGNE - Parc national des Pyrénées

Reptile endémique de l’étage alpin des Pyrénées, le Lézard de Bonnal (Iberolacerta bonnali) est observé, jusqu’à présent, de 1 700 à 3 000 mètres d’altitude.

Jusqu’à présent car ce lézard pyrénéen a besoin d’un habitat rocheux dont la température de roche se situe entre 20 et 35 degrés afin d’entrer en activité (thermo-régulation). La disparition à terme, de l’étage alpin du fait du réchauffement climatique peut compromettre son existence. Avec près de 40% de l’aire de répartition du reptile sur son territoire, le Parc nationala une responsabilité forte pour la conservation de cette espèce. Il a structuré un réseau de partenaires en vue d’élaborer un protocole et de mettre en œuvre un suivi sur le long terme du Lézard de Bonnal dans le cadre du plan national d’actions « Lézards pyrénéens »porté par la DREAL Occitanie.

Membre du conseil scientifique du Parc national et directeur de l’association OBIOS, Jean-Marc THI- RION explique : « Encore peu connu, le Lézard de Bonnal fait face à deux menaces : l’augmentation des températures due au dérèglement climatique, et la concurrence possible avec le Lézard des murailles, espèce moins exigeante en termes d’habitat et plus résiliente aux fortes températures, qui remonte en altitude.

L’ambition est de connaître les tendances d’évolution de la répartition altitudinale des deux espèces et leur répartition spatiale, en tenant compte de la probabilité de détection par des observateurs issus d’horizons différents. » Car la force de la démarche du Parc national est aussi de se reposer sur un réseau multi partena- rial de quarante-deux observateurs (gardes-moniteurs du Parc national, animateurs des zones Natura 2000 du territoire et de la réserve naturelle régionale d’Aulon) pour réaliser les suivis.

Un protocole éprouvé
 

Le protocole créé par l’association OBIOS avec l’appui de Marc Cheylan, chercheur spécialiste des reptiles, en partenariat avec l’association Nature en Occitanie, repose sur le choix de placettes suivant un gradient altitudinal couvrant l’aire de répartition du Lézard. Un facteur aléatoire a été intégré : sur certaines placettes, la présence du Lézard de Bonnal était avérée, sur d’autres, c’était l’inconnu. « Le protocole a été établi en deux temps, poursuit le scientifique. En 2021, 61 placettes ont été suiviespar les observateurs d’OBIOS sur cinq secteurs (Néouvielle, Troumouse, Estaubé, Ossoue,Arrious). En 2022, de nouveaux observateurs ont été formés et ont réalisé les inventaires sur 62 nouvelles placettes sur sept nouveaux secteurs (val Aulon, Badet - Campbielh, Estaubé, Marcadau, Bassia, Pouey laun, Ets Coubous lées). »

Chaque observateur inventorie lézards de Bonnal et lézards des murailles durant 15 minutes par placette à trois reprises entre juin et août. Les objectifs : noter la présence ou l’absence de chaque espèce de lézard puis les dénombrer. La température de la roche et les conditions météorologiques sont relevées car elles influent sur la probabilité de détection du Lézard de Bonnal.

L’état de lieux
 

L’état des lieux de la présence et de l’abondance des deux espèces de lézards est désormais connu :

• la densité moyenne estimée est de 5,68 lézards de Bonnal par placette avec une population estimée à 701 individus sur les 123 placettes suivies ;
• 66 % des placettes sont occupées par le Lézard de Bonnal ;
• le Lézard de Bonnal a été observé de 1 700 à 2 800 mètres d’altitude avec une concentration de présence entre 2 000 et 2 500 mètres d’altitude (étages subalpin et alpin); • le Lézard des murailles a été observé jusqu’à 2 400 mètres d’altitude (étage subalpin) voire même un record à 2 700 mètres (Lenquo de Capo).

« La description des variables environnementales lors des suivis (exposition, pente, sol nu...) nous permet d’en apprendre plus sur les accointances du Lézard de Bonnal avec son milieu : par exemple, la présence de touffes herbeuses et de blocs de moyenne taille, favorisent sa présence » développe Jean-Marc Thirion.

L’avenir
 

Tous les quatre ans, ce protocole sera renouvelé sur les mêmes placettes, au même moment de l’année. « L’évolution de la densité des populations de Lézard de Bonnal et Lézard des murailles ainsi que l’évolution de leur répartition altitudinale permettront de rendre compte de la dynamique de ces deux espèces dans le Parc national, sur le long terme. La mise en place de ce suivi est une réelle opportunité de mesure des impacts du réchauffement climatique » conclut l’écologue des vertébrés.

Gros plan sur le Lézard de Bonnal
© L. REIGNE - Parc national des Pyrénées

20 centimètres d’agilité et de vivacité, une queue deux fois plus longue que le corps, le lézard de Bonnal se distingue du Lézard des murailles (Podarcis muralis), par les bandes sombres, épaisses et uniformes sur ses flancs, son aspect général métallique. Egalement, l’absence de tâche sur sa queue contrairement à son cousin qui présente un corps tacheté jusqu’à la queue avec des taches notamment réparties le long de l’axe dorsal.

Si vous avez la chance de voir posé le Lézard de Bonnal :
• sa tête allongée est légèrement creusée sur le dessus
• la disposition des écailles du museau est caractéristique avec le contact entre l’écaille rostrale et l’écaille frontonasale Comme chez l’homme, chaque individu peut présenter des caractéristiques propres.


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