Dans cette exposition vous verrez des images prises au sommet d’un grand hêtre, une sculpture en bois et 3 vidéos courtes documentant l’adaptation et le comportement spectaculaire de plantes endémiques… Grégoire Lavigne est un animal à peau tendre. La cueillette, la pêche et la chasse, les pièges, les armes, de quoi s’abriter du soleil, assembler deux morceaux de bois, prélever un mat dans la forêt, ou laisser filer, semer, leurrer ses prédateurs, les stratégies des différents règnes, végétal, animal, et humain, inspirent à l'auteur des pièces précieuses et brutales. Les transformations opérées sur les matériaux trouvés dans la nature sont minimales, ligatures, taille directe, ou simple composition à la manière des ikebana. Elles se réfèrent à des savoirs- faire hérités. Ce n’est sans doute pas un hasard si menuisier de formation, Grégoire préfère aux productions usinées les gestes anciens. Comme dans un muséum d’histoire naturelle ou un musée ethnologique, ces objets à l’usage inventé sont esthétisés et mis à distance. Curiosité botanique, outils primitifs, ils deviennent les motifs absurdes d’un Robinson sans île, à l’ingéniosité et l’anthropocentrisme délirants. L’ironie pointe sous la fantaisie naturaliste, elle nous rappelle notre humble condition d’animal à peau tendre, et renonce à toute possibilité de sublimation : l’art comme artefact, hétérogène forcément. Aude Noguès.