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Assainissement écologique en refuge d'altitude

                                             Retour d'expérience sur le refuge d'Ayous
Assainissement écologique en refuge d'altitude - Retour d'expérience sur le refuge d'Ayous
Refuge d'Ayous - Expérimentation assainissement écologique en refuge

Refuge d'Ayous (après travaux panneaux photovoltaïques) dans son environnement  

(c) S. Rollet - Parc national des Pyrénées

 

Dans un contexte de changements globaux, la ressource en eau constitue un enjeu fondamental pour les activités exercées, plus particulièrement sur les têtes de bassin d’altitude. 

Les têtes de bassin versant, véritables châteaux d’eau naturels, jouent un rôle vital : elles alimentent les rivières, soutiennent les débits en été, filtrent naturellement l’eau et maintiennent la biodiversité. Lorsque ces zones sources sont touchées, ce sont tout le bassin et l’ensemble des usages — eau potable, agriculture, tourisme, milieux aquatiques — qui en subissent les conséquences.

 

Les refuges d’altitude font partie de ces activités de montagne dépendantes de la ressource en eau pour leur fonctionnement. Ils sont également générateurs d’effluents qu’il faut pouvoir traiter pour assurer une non dégradation de cette ressource.

Dans un objectif d’amélioration de ces infrastructures en montagne, le Parc national des Pyrénées a expérimenté, en 2020, l’implantation d’un assainissement écologique sur le refuge d’Ayous (1 800 mètres d’altitude) dont il est propriétaire. 

Auparavant le refuge d’Ayous était doté de toilettes à eau très consommateurs en eau, et d’un système d’assainissement conventionnel ne répondant pas à la réglementation en vigueur et aux exigences environnementales, notamment en matière de gestion des boues de fosses toutes eaux. 

En partenariat avec l’écocentre Pierre et Terre, le Parc national des Pyrénées a remplacé son système d’assainissement conventionnel devenu défectueux par un dispositif d’assainissement écologique inédit pour le traitement des eaux ménagères résiduelles. 

D’une part, les toilettes à eau ont été remplacées par des toilettes sèches afin de séparer et de composter les urines et les fèces. Cette approche permet de réduire la charge organique et hydrique des effluents.

D’autre part, un dispositif expérimental a été testé pour le traitement des eaux ménagères résiduelles, issues principalement des eaux de cuisine et d’hygiène (lavabo, douche). Ce dispositif est constitué d’un premier filtre vertical combiné en suivant avec des filtres à broyat de bois (FBB). Ces derniers assurent à la fois un traitement complémentaire et une infiltration pérenne dans le sol.

L'assainissement écologique en refuge d'altitude - retour d'expérience sur le refuge d'Ayous

 

Cette expérimentation a fait l’objet d‘un suivi pluriannuel sur 4 ans portant sur les performances hydrauliques et épuratoires pour le traitement des eaux ménagères et sur le compostage des matières de toilettes sèches, par le laboratoire REVERSAAL de l’Institut national de recherche en Agronomie, Alimentation et Environnement (INRAE).

  • sur la filière eaux ménagères : les résultats révèlent un effluent très concentré malgré la séparation à la source, du fait de la gestion économe en eau du refuge et d’une activité de restauration importante. La charge organique totale à traiter est tout de même moindre et les concentrations en azote sont faibles compte tenu de la séparation à la source. 

    Le suivi révèle un sous-dimensionnement du filtre vertical par rapport à la charge à traiter, bien que ce dernier reste performant. Les filtres à broyat de bois en second niveau jouent pleinement leur rôle de filtration et permettent d’utiliser la capacité d’épuration du sol (pas de colmatage observé). Ainsi, il n’y a plus de rejet en milieux aquatiques superficiels et plus de boue de fosse à gérer notamment par des vidanges sur site en fin de saison qui impactaient le laquet à proximité.

L’assainissement écologique en refuge d’altitude - Retour d’expérience sur le refuge d’Ayous
L’assainissement écologique en refuge d’altitude - Retour d’expérience sur le refuge d’Ayous

Filtre vertical pour le traitement des eaux ménagères du refuge d'Ayous 

(c) S. Rollet - Parc national des Pyrénées

L’assainissement écologique en refuge d’altitude - Retour d’expérience sur le refuge d’Ayous

 Préleveurs automatiques pour le suivi de l’expérimentation par l’INRAE 

(c) S. Rollet - Parc national des Pyrénées

  • Toilettes sèches : la consommation d’eau des toilettes en eau représentant 60 à 70% de la consommation en eau du refuge, le passage aux toilettes sèches a permis un gain notable sur l’utilisation de la ressource en eau localement. 

    Les contraintes climatiques locales limitent le processus de compostage. La montée en température du compost ne se fait pas. Toutefois, le processus de compostage se réalise pleinement mais est plus lent qu’en plaine. Au bout de deux années de maturation, les paramètres liés à l’innocuité sanitaire des matières répondent aux seuils en vigueur pour une valorisation agronomique du compost.

     

    L’assainissement écologique en refuge d’altitude - Retour d’expérience sur le refuge d’Ayous