En ce début août 2025, le travail de concert de chiens de travail en éco-détection et d’agents du Parc national a permis de détecter 10 crottes isolées ou crottiers de Desman des Pyrénées. Un soulagement sur le Haut-Adour où la confirmation de la présence du Desman est renouvelée, mais aussi un encouragement pour une méthode expérimentale de suivi du rat-trompette.
Pattes dans l’eau, truffe à la recherche d’odeurs connues, un chien de race golden retriever remonte le cours d’eau sur 200 mètres, passant de blocs de rocher aux berges enherbées, d’interstices caillouteux aux roches à fleur d’eau.
Son objectif : détecter la présence de crottes de Desman des Pyrénées. Il sera alors remercié d’une caresse, d’un jouet ou d’une friandise selon ses préférences travaillées lors de l’éducation à l’éco-détection réalisé par la Younii Académie.
Loin d’être un jeu d’eau, cet exercice représente une expérimentation de détection du rat-trompette, ainsi prénommé ce mammifère aquatique endémique des Pyrénées et classé depuis 2022, en danger d’extinction par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature.
Dans le cadre du Plan National d’Actions 2021-2030, piloté par le Conservatoire des Espaces naturels Occitanie, un travail d’actualisation de la carte de répartition du desman est engagé 10 ans après les derniers inventaires. Ce travail basé sur la détection de crottes qu’il dépose sur les pierres émergentes ou sous les berges s’avère cependant de plus en plus difficile avec la raréfaction de l’espèce. Au bout de 5 passages infructueux, la présence du desman sera qualifiée d’historique.
Ce protocole présente néanmoins des limites, les indices étant parfois difficiles à trouver et les confusions possibles. En complément de la méthode de prospection classique, de nouvelles techniques sont expérimentées : les chiens de détection, le piège photographique, l’ADN environnemental (prélèvement et analyse de l’adn présent) ...
Le protocole du suivi du Desman
Les agents formés procèdent à la prospection de crottes et crottiers, sur des secteurs de 200 mètres linéaires où la présence de Desman avait été observée il y a 10 ans. En cas d’absence d’indices de présence lors de 5 passages successifs, la donnée deviendra « historique », la protection du cours d’eau en qualité d’habitat à Desman, sera atténuée.
« Le recours au chien de détection dans la recherche d’indices de présence du Desman est une initiative du programme Bios’Flair, né du rapprochement entre le centre d’instruction Younii académie, qui forme des chiens à l’alerte médicale et à la détection, et le bureau d’étude MIFENEC, explique Emmanuel de Joantho, son directeur. Aujourd’hui 4 Golden Retrievers expérimentent quotidiennement la détection d’espèces dont le Desman ou la Cistude d’Europe. »
Intéressé par la démarche, le Parc national accompagne, depuis 2024, cette expérimentation dans plusieurs vallées du territoire (Ossau, Luz), lieux de présence confirmée de cette espèce fragile. « La pratique sur le terrain est essentielle pour les chiens mais aussi pour les accompagnants qui doivent s’approprier finement leurs signaux d’alerte émis lors des séances d’éco-detection, poursuit le directeur. En ce sens, la main tendue par la Parc national a été déterminante dans la mise en place de cette expérimentation. »
En 2025, en partenariat avec la Communauté de communes Pyrénées Vallées des Gaves et en complémentarité du suivi humain réalisé par les agents du Parc national et par l’agent de la CCPVG sur les sites Natura 2000 de son territoire (financements fonds européens), les chiens de travail réalisent le même inventaire, sur les mêmes tronçons, reniflant l’air (airsenting) et/ou sentant les relief (snfifing).
« L’univers sensoriel des chiens se distingue de celui des humains, explique Isabelle de Joantho, comportementaliste canine de la Younii académie. Ils percevront des stimulii différents, rechercheront autrement que les humains. En cela, les résultats peuvent être complémentaires car la difficulté de la prospection relève de la multitude de supports distincts sur lesquels les desmans laissent leur trace. La détection d’une dizaine de crottes isolées et de crottiers sur le Haut-Adour mardi 5 août 2025 est une parfaite illustration de cette complémentarité. »
Si l’expérimentation s’avère concluante, un protocole de suivi adapté aux chiens formés et certifiés pourra à terme être envisagé.
Bio’s Flair est un programme visant à renforcer les partenariats avec les acteurs de terrain et les partenaires institutionnels autour de la détection olfactive canine.
Le programme Bio’S Flair comporte trois axes :
- pédagogie : Accompagner et former des binômes chien/naturaliste
- expérimentation : Mesurer l’utilité du chien dans la détection d’espèces patrimoniales.
- prestation : Développer une offre de services en matière d’écodétection d’espèces animales ou végétales